Vous voyez ce garçon là-bas ? Celui qui rit aux éclats avec ses amis, celui qui se fait appeler Maël. Vous pensiez savoir des choses sur lui, mais en fait vous ne savez rien. En réalité, Maël s’appelle Jade. Jade Johnson, on prononce son prénom avec l’accent espagnol ce qui donne une sorte de ‘radé’, et vous vous doutez bien à présent qu’une personne qui possède ce nom n’est autre qu’une fille. Et c’est aussi le cas de notre jolie rouquine, c’est une fille qui se fait passer pour un homme. Pourquoi faire ça ? Elle avait tout pour plaire : de beaux yeux, de beaux cheveux, une belle voix, un bon physique, un beau sourire. Mais voilà, il y a pas moins d’un an, Jade s’est réveillé avec un horrible pressentiment, c’est en entrant discrètement dans la chambre où dormaient habituellement ses parents qu’elle fut confrontée à la réalité, qu’elle eut un choc. Sa mère était là, les yeux clos, le visage pâle une grosse marque rouge autour du cou laisser par la corde à laquelle elle était pendue. « Maman… » avait-t-elle murmurer, elle s’était précipité vers elle, mais c’était déjà trop tard. La rouquine avait pris le corps à présent froid de sa mère entre ses bras, décrochant celui-ci. Elle le serrant fort contre elle, pleurant toutes les larmes de son corps, le cœur anéanti la sensation d’avoir une plaie à cœur ouvert.

Quand le choc fut passée, Jade avait installé sa mère sur son lit, elle l’avait soigneusement enroulé dans la couverture et lui avait caressé les cheveux pendant un moment, comme si elle était simplement en train de dormir. « Tu te rappelles de ce haut qu’on avait vu dans le magasin du bout de la rue ? Tu avais craqué dessus, même si tu le niais. Je te connais tu sais. Elle fit un léger sourire tout en continuant ses caresses. Quand on est rentré à la maison, ce soir-là, je t’avais dit que je sortais et j’étais allé te l’acheter… j’aurais tellement aimé que tu le portes après demain, pour mon anniversaire. Elle serra les dents, ravalant ses sanglots. Il était moche ce t-shirt, sérieusement maman. Ce rose pâle avec les petits chats orange dont les moustaches était brodé, c’était vraiment moche, mais ça te plaisais, alors peu importe, tant que tu étais heureuse. » Une larme roula de nouveau sur sa joue alors qu’elle regardait sa mère « Visiblement tu n’étais pas heureuse… » Jade se leva alors et alla chercher son téléphone dans sa chambre, de sa mains tremblante elle entra le numéro de son père, appréhendant d’entendre sa voix. « Bip. Bip. Bip. Allo Jade ? » « Papa… C’est Maman, elle est… » sa voix se brisa et elle éclata en sanglot. « Jade ? Qu’est-ce qui se passe, qu’est-ce qu’elle a maman ? » « Elle est MORTE ! » Hurla-t-elle avant de lance son téléphone contre le mur et de sauter sur son lit afin d’y sangloter encore une fois.





Depuis ce jour, Jade est devenue vide, elle ne parlait plus, ne mangeait plus. Un soir, elle avait même engloutis tous ses antidépresseurs pour rejoindre sa mère, mais ce fut sans succès. A chaque fois qu’elle entrait dans la chambre de son père, la jeune fille ne pouvait s’empêcher d’y revoir sa mère pendue. Et enfin, après sa tentative de suicide, son père décida de faire quelque chose : ils allaient déménager. Partir loin de cette maison qui empêchait la rouquine de faire son deuil. N’étant pas vraiment dans le besoin, M. Johnson étant procureur, il fit vendre sa maison et en trouva une grande, loin de son ancienne ville : à Lima. C’était une petite ville, charmante et accueillante comme on n’en avait pas vu depuis longtemps. Elle était loin aujourd’hui sa banlieue de New York où on lui reprochait d’avoir causé le suicide de sa mère. Oui, tellement loin. Le fait d’avoir changé de maison aida un peu la jeune fille à retrouver le moral, mais ce n’était pas encore ça : elle devait à présent choisir son lycée. Il y en avait plusieurs dans le coin, mais seulement deux avaient attiré son attention : celui de Crawford et celui de Dalton. Enfin, ce sont des académies, pas des lycées. Leur particularité ? Aucun des deux est mixtes. D’une certaine façon, c’était bien, d’une autre c’était horrible. Etant une fille, l’aurais dirigé vers l’académie féminine. Mais elle se rappelait trop de la façon dont on la traitait, une jeune fille, maigre et pâle, dépressif. Les filles étaient trop cruelles entre elles, c’est à ce moment-là que Jade à décider de changer.

Sur sa carte d’identité, la jeune fille s’appelle « Jade Maël Johnson », elle décida donc de se faire uniquement appeler Maël, faisant passer son vrai prénom pour le second. Si elle voulait aller dans cette académie pour hommes, elle devait se faire passer pour l’un des leurs, et ce n’était pas évident. D’une part à cause de sa voix trop aigue, trop guillerette pour être masculine, son corps aussi, sa poitrine n’est peut-être pas imposante, mais il fallait tout de même la cacher. Son père voyait d’un assez mauvais œil le changement radical de sa fille, mais cette dernière revivait grâce à ça, elle avait retrouvé le sourire, la joie de vivre qu’elle avait toujours eut : Maël était né. C’est un jeune homme frêle et souriant, il ne fait pas partie des molosses, dans son genre il est assez peu courageux, mais peu importe : il est attachant. C’est aussi un passionné, il aime la photographie, la musique et surtout la batterie. Dans leur nouvelle maison à Lima, son père lui avait offert une batterie en guise de cadeau d’anniversaire « ca fait plus homme » avait-il trouvé comme excuse.




Maël prit une grande inspiration, elle lança un dernier regard entendu à son père : tous les deux savaient ce qu’ils avaient à dire. Soudain, la porte du bureau s’ouvrit sur un vieil homme assez enrobé dont les cheveux grisonnaient. Dès qu’il eut posé les yeux sur la jeune fille, il haussa un sourcil l’air surpris et acquiesça d’un sourire dont lui seul connaissait la signification. Prenant place aux côtés de son père, la rouquine n’attendit pas qu’on lui demande de parler pour engager la conversation. Elle tendit sa main par-dessus le bureau pour aller serrer celle du directeur « Monsieur. » lança-t-elle, aimablement. Il hésita un instant, prononçant un début de ‘mademoiselle’ avant de se reprendre « Jeune homme. » l’ambiance était tendu, ils se mirent à discuter, surveillant leurs mots. Au bout d’une demi-heure, il se leva et dit d’un air catégorique « Ca ne vas pas être possible. » Maël se sentit suffoquer « Pa…pardon ? » bredouilla-t-elle. « Mademoiselle, c’est un lycée pour homme » répondit-il à son attention. C’est alors que, contre toute attente, son père se leva à son tour en tendit une pile de billets : pas moins de 500 dollars. Le vieil homme haussa un sourcil quand le procureur enchaina « Je vous donne 500$ dollars de plus que votre prix habituel. » Comme il ne semblait pas convaincu, il ajouta « Tous les mois. » « Ça marche. » il prit la liasse de billet et alla chercher un uniforme dans une autre pièce avant de le tendre à Maël « bienvenue dans l’établissement… jeune fille. Tachez de ne pas vous faire repérer. »

© Summers